dimanche 12 octobre 2014

Dimanche 22 septembre 2013 : La Portela de Valcarce – col de l’Alto do Poio.

Après La Portela, le sentier de St-Jacques quitte la N6 pour emprunter une petite route qui mène à Ambasmetas puis Ruitelán (630 m). Le routard de Rabanal, attablé à une table de bistro, est en grande conversation avec des marcheurs. Il ne me reconnaît pas. Par un pont sur le río Valcarce, le chemin pénètre dans Las Herrerías entre de vieilles habitations avec balcons à gauche et des prairies à droite. Le paysage est bucolique : herbe verte, belles vaches à la robe fauve. On trouve dans le village un loueur de chevaux pour monter vers la Galice. Et de fait, un petit groupe est en train de se préparer. Leurs bagages suivront en voiture. On rencontre également des taxis ou même des bus qui transportent les bagages des pèlerins jusqu’à la prochaine étape.
Les cavaliers me doublent bientôt. L’itinéraire s’attaque maintenant à une longue ascension de la Cordillère Cantabrique. Le parcours renvoie par sa ressemblance, sa dureté et sa beauté à la montée vers Roncevaux.
La route grimpe raide à flanc de montagne ; bientôt c’est un sentier herbeux qui prend le relais, puis un vieux chemin dallé. J’atteins le hameau de La Faba (915 m) qui, bien qu’en Castille, exhibe déjà les éléments de l’architecture galicienne. Je fais une halte dans un bar pour boire une bière. Sur les tables à l’extérieur, tout un groupe de Français sans sac à dos prend une collation.
Le Camino s’élève à travers la lande. Je double un pèlerin, muni d’un sac-poubelle, qui s’est donné comme tâche de nettoyer le chemin jusqu’à Saint-Jacques…
Sur un replat, une borne signale qu’il reste 152,5 km jusqu’à Santiago. Ces bornes jalonneront le parcours jusqu’au terme du chemin, à raison d’une tous les 500 mètres. Quelques centaines de mètres plus loin, une autre borne annonce l’entrée dans la communauté autonome de Galice. Malheureusement, elle est pleine de graffitis de pèlerins qui croient indispensable de laisser partout une trace de leur passage.


Encore une petite montée qui aboutit à un village minuscule mais très emblématique du chemin de St-Jacques, O Cebreiro (1300 m), qui s’accroche sur la ligne de crête entre Castille et Galice. Je suis interpellé par Viviane (sifflé, devrais-je dire), stationnée devant l’église. Le parking est bourré de voitures, alors que ce matin lorsque Viviane est arrivée il n’y avait pas un chat.  La raison en est une cérémonie dans l’église bien sûr, car nous sommes dimanche. Nous mangeons à l’intérieur du camping-car. Après quoi nous parcourons le village.
O Cebreiro, porte d’entrée de la Galice, affiche ses « pallozas », maisons anciennes circulaires en granite et au toit de chaume dont l’origine remonte aux premières constructions celtes.


Nous  entrons dans l’église Santa Maria la Real. Les pèlerins s’y arrêtaient déjà au IXe siècle pour prier dans l’église primitive. L’édifice actuel remonte au XIe siècle et fut témoin du « miracle des saintes Espèces » au XIVe. Le calice et la patène sont toujours exposés dans un recoin de l’église.


Le village est entièrement voué à la « culture du pèlerin », plus facile à tondre qu’un mouton, comme le dit le Guide du Routard. Ce qui énerve particulièrement Anne que nous venons de retrouver avec Jacques dans l’unique rue dallée du village, où ils mangent.


Je reprends le parcours dans l’après-midi. Je traverse des forêts de conifères par montées et descentes et j’atteins Liñares, hameau perché sur une arête dans l’ancien coude d’une route. De là, je monte au col routier de San Roque. Une statue de pèlerin figé, plié par l’effort ou le vent contraire, semble convier le pèlerin à poursuivre vers le but.


Le chemin est bordé de fougères et d’ajoncs, climat océanique oblige. Il traverse Hospital da Condesa où un groupe de touristes randonne sans sac à dos. Un minibus les attend en bord de route pour rapatrier les éclopés ou les épuisés. Quelques courageux continuent jusqu’au col…
Le Camino rejoint le hameau de Padornelo au niveau de son église et son cimetière couvert. Bordé de murets, dans une dernière montée raide, il atteint le col de l’Alto do Poio (1337 m).
Viviane m’observe en train de grimper vers le col. A l’auberge des pèlerins, nous demandons l’autorisation de stationner sur une terrasse herbeuse juste devant. Bientôt arrivent les Bretons, qui vont loger sur place. Nous prenons un pot ensemble devant l’auberge.
Le panorama est superbe depuis notre emplacement : en arrière-plan la Cordillère, au premier plan le hameau de Padornelo et le sentier qui grimpe vers le col.


Viviane me voyait effectivement venir de loin ! Poules, chiens et chats en vadrouille viennent nous rendre visite…

1 commentaire:

  1. Vous cliquez sur le lien, nouvelle page avec moult liens...et ainsi de suite... Histoire, légendes, jeux... Quand la dense explosion de l'hypertextualité donne d'autres dimensions au texte...

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