dimanche 12 octobre 2014

Jeudi 27 mai 2010 : Ferme des gentianes – Aubrac.

Parvenus hier sur l’Aubrac, Viviane et moi avons passé la nuit au camping municipal de Nasbinals (Lozère).

Je reprends aujourd’hui ma randonnée sur le GR 65, au départ de la ferme des Gentianes, à 10h15. Une alternance de soleil et de nuages va ponctuer mon parcours.
La transhumance est terminée. Les belles vaches aux yeux ourlés de noir et aux cornes en forme de lyre ont rejoint leurs aires de pâturage, les estives.
La floraison explose. Des parterres de narcisses des poètes, parfois parsemés de jonquilles, tapissent la prairie telle une fine couche de neige.


Narcisses des poètes

Violettes tricolores (Viola tricolor) et pensées des Vosges (Viola lutea) égayent en massifs la bordure des chemins.   
                                                                                                                                                                  

                                                          
                Viola tricolor                                                                                Viola lutea

Le sentier s’éloigne dans les pâturages, approche du roc des Loups et débouche sur la Grande Draille qu’il emprunte jusqu’au pont sur la Peyrade. Les drailles sont les grands chemins de transhumance souvent bordés de murettes de pierre sèche dont l’origine se perd dans la nuit des temps. A Rieutort-d’Aubrac, un four banal et deux abreuvoirs-fontaines en granite. A Montgros (1234 m), arrêt dans une auberge pour déguster une bière artisanale de l’Aubrac.
Je retrouve Viviane à 13h près d’un cimetière, à l’entrée de Nasbinals. [Oscar n’est plus avec nous. Notre vieux compagnon est mort en février d’une crise cardiaque.] Comme d’habitude, nous mangeons dans le Boxer, et je fais une petite sieste avant de continuer mon chemin.
Le GR traverse le village par le foirail et la rue principale puis s’éloigne par un chemin empierré à travers les pâturages.


Il franchit un pont sur un ruisseau, s’engage sur une draille. Paysage pastoral de steppe avec ses ourlets de pierre, ses portiques pour le bétail et ses burons.


Les burons, abris de pierre des bergers durant l’estive, étaient des maisons basses de basalte et de schiste recouvertes de lauzes. On y fabriquait le fromage. Les derniers buronniers sont en voie de disparition. Seuls deux restent encore en activité sur l’Aubrac.
Sur la bordure du chemin fleurit l’euphorbe d’Irlande ; sur la prairie, l’orchis sureau où l’on trouve dans la même population des individus à fleurs pourpres et des individus à fleurs jaunes. Légère odeur de sureau pour attirer les insectes.


Euphorbe d’Irlande


          



                           Orchis sureau


Je contourne deux burons, j’atteins une hêtraie d’altitude. Deux perdrix s’éloignent devant moi et s’envolent. Sans que rien ne l’indique, je gagne la limite départementale et, à 1368 mètres d’altitude, je passe dans l’Aveyron (région Midi-Pyrénées), un département qui reprend approximativement les contours de l’ancienne province du Rouergue. Le GR suit la Grande Draille qui se dirige plein sud vers Aubrac. Au milieu des vaches, un impressionnant taureau barre le passage entre deux pâtures, oui… juste là où s’engage le sentier ! Placide, il se contente de me suivre jusqu’au portail…
Une grosse tour sombre surgit alors d’un paysage austère balayé par les vents, à côté d’une église romane et de quelques maisons en pierre volcanique. C’est Aubrac (1307 m). Dès le XIIe siècle, la domerie d’Aubrac fut le passage obligé des pèlerins en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle qui parvenaient exténués du plateau désertique. La tour qui sert maintenant de clocher abrite la cloche des perdus qui était actionnée durant de longues heures du jour et de la nuit en temps de neige et de brouillard pour ramener les voyageurs et pèlerins égarés dans l’Aubrac.                       
Il est 16h50. Sur la place, devant l’auberge, m’attend Viviane.

Nous retournons au camping municipal de Nasbinals où nous avions passé la nuit dernière.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire